A la rencontre de Mediplant, partenaire incontournable de PhytoArk

Au début mai 2013, PhytoArk ouvrait ses portes à Conthey. Depuis dix ans, le site technologique avec sa plateforme d’extraction de plantes a permis l’éclosion de nombreux projets en lien avec les ingrédients naturels. A l’occasion de sa première décennie d’activités, nous sommes partis à la rencontre des acteurs qui ont contribué, et qui contribuent toujours, au développement du site et de ses activités. Place aujourd’hui à Mediplant, avec l’interview de Audrey Kuhn, business developer.  

Audrey, pourriez-vous tout d’abord vous présenter en quelques mots ?
Suite à mes études supérieures en biotechnologie à Strasbourg, j’ai eu la chance de faire partie pendant quelques années d’une équipe de recherche fondamentale en biologie moléculaire à l’EMBL d’Heidelberg (Allemagne). Je suis ensuite passée à la R&D en milieu industriel en évoluant pendant 18 années au sein de Lonza Biopharmaceuticals en tant que responsable du labo Strain Development, puis du labo de production de cultures cellulaires en salle blanche, contrôle et assurance qualité. A la suite de cela, ma passion pour les plantes et les « remèdes de grand-mère » m’a guidée tout naturellement vers Mediplant où j’assiste le directeur Julien Héritier depuis trois ans dans le développement d’affaires. Je suis également maman de deux merveilleux enfants.

Présentez-nous Mediplant...
Mediplant est le Centre suisse de Recherche et Développement sur les plantes aromatiques et médicinales. Avec notre équipe, nous mettons tout en œuvre pour valoriser toute matière première végétale selon le souhait de mandants privés ou pour des projets subventionnés par des fonds publics. Nous consacrons également du temps à la formation d’étudiants en phytochimie.
Mediplant est avant tout un institut unique en Suisse, un noyau central de l’innovation dans le domaine des plantes et du végétal. Nous y apportons une vraie plus-value et une dynamique créatrice, circulaire et écoresponsable. Cela nécessite, selon moi, beaucoup plus de soutien, à l’échelle cantonale et nationale.

Quelles sont vos principales interactions avec PhytoArk ?
L’élément le plus précieux de PhytoArk est de pouvoir échanger et collaborer directement avec les autres acteurs présents sur site : Phytosphere Swiss Lab, FOVAHM, Pharmalp. Via PhytoArk, nous pouvons également monter des projets avec la Fondation The Ark, grâce à laquelle nous pouvons avancer concrètement sur des projets innovants.

Quels sont, selon vous, les principaux atouts de PhytoArk ?
Le réseau apporté par le site, mais également sa renommée. Depuis 2013, PhytoArk a créé tout un écosystème autour de l’ingrédient naturel. C’est une fenêtre pour permettre de mettre en avant les start-ups et entreprises du site.

Que retenez-vous des dix dernières années de collaboration avec PhytoArk ?
Je n’en suis qu’à trois années de collaboration, mais je mesure l’importance de l’implantation en 2015 de Mediplant au sein de la plateforme technologique du PhytoArk et le travail de développement titanesque effectué par Julien Héritier pour en arriver au Mediplant d’aujourd’hui ! Je retiens aussi le soutien de la Fondation The Ark, qui, comme je l’évoquais plus haut, est essentiel à notre progression dans nos travaux sur les projets d’innovation. Essentielle également, la collaboration avec les collaborateurs de CimArk, qui nous soutiennent de manière efficace et solide sur les projets en cours. PhytoArk accueille aussi divers événements tout au long de l’année, ce qui participe au maintien de la dynamique d’écosystème local et d’intérêts communs.

Que faut-il souhaiter à PhytoArk pour les dix prochaines années ?
Je lui souhaite d’élargir encore son réseau, sa crédibilité, sa visibilité au niveau national et international. Et pourquoi pas également de pouvoir s’agrandir pour pouvoir accueillir d’autres start-up, créatives et audacieuses, actives dans les domaines du végétal, des produits naturels, de l’up-cycling et du développement durable…

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Indigo, un projet phare de Mediplant

La collaboration entre PhytoArk et Mediplant a débouché sur de nombreux projets concrets. Parmi eux: Indigo. Le pigment naturel d’indigo peut être extrait d’une plante indigène du canton du Valais, lsatis tinctoria L., ou le « Pastel des teinturiers ». Convaincu de la nécessité de rendre les teintures textiles plus écologiques et souhaitant participer à cette initiative/ce progrès, Mediplant a pu démarrer ses recherches sur l’indigo naturel en 2020 grâce au soutien de la Fondation The Ark, avec la collaboration de la station fédérale d’Agroscope Conthey et la société RedElec Technologie (Riddes). « Après trois années de travail d’optimisation des procédés, nous sommes aujourd’hui capables de produire de la poudre d’indigo naturel de très belle qualité », précise Audrey Kuhn.

Du côté de Mediplant, ce projet permet depuis début 2023 de poursuivre et d’approfondir leurs recherches sur les plantes tinctoriales en participant au projet européen AlpTextyles soutenu par Interreg. Ce dernier a pour but la mise en place d’une industrie textile et d’un mode de consommation plus durables et respectueux de l’environnement, notamment par la transmission des traditions textiles ancestrales de l’arc alpin. « Mon rôle est notamment de réaliser une recherche bibliographique sur les traditions textiles, et plus spécifiquement sur les plantes tinctoriales, en Valais, comme base de développement de pigments naturels au laboratoire de Mediplant. Il faut ensuite présenter les résultats et avancer conjointement avec les douze partenaires européens du projet ».

« Ces projets sont de remarquables actions axées sur le respect de l’environnement et le développement durable. Ils sont de magnifiques vecteurs de progression et de mise en lumière du travail de Mediplant, en Suisse et hors frontières », précise encore Audrey Kuhn.

L’ingrédient naturel végétal, qu’il s’agisse d’un actif cosmétique, médicinal ou d’un pigment, doit être extrait des plantes de façon experte. La plateforme technologique de PhytoArk est l’outil indispensable à cet effet. Avec le savoir-faire et les compétences de Mediplant pour opérer cette plateforme, les conditions techniques et scientifiques sont réunies pour mener à bien les projets de R&D partant d’un développement au laboratoire pour aboutir à une production à l’échelle pré-industrielle.

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Isatis tinctoria : Zoom sur une plante aux multiples vertus -

PhytoArk a pour mission de valoriser les plantes alpines et ingrédients naturels. Parmi les plantes, Isatis tinctoria fait partie des coups de cœur d’Audrey Kuhn. Elle nous en dit davantage.

Le Pastel des teinturiers (petit nom de Isatis tinctoria) est une plante sauvage qui poussent en bordure de routes et de vignes en Valais. « C’est l’une des premières à fleurir au début du printemps. Sa floraison est de couleur jaune. Elle ne peut que s’épanouir chez nous, en vallée du Rhône, car elle a besoin d’un climat sec et chaud », souligne Audrey Kuhn. Elle fut largement cultivée en Europe au cours du Moyen Age et de la Renaissance pour la production de la teinture d’indigo. « Sans dévoiler notre procédé de fabrication qui reste confidentiel, on peut dire que pour la production d’indigo, nous récoltons les parties aériennes de la plante ».

Mais elle n’est pas seulement une source du pigment bleu, elle fut aussi utilisée déjà par les Grecs et les Romains de l’Antiquité comme plante médicinale. Ce qui ne m’étonne guère, car comme toute plante riche en polyphénols, elle présente très certainement d’intéressantes vertus médicinales. Citons par exemple le médecin et pharmacologue grec Dioscoride (Ier siècle) qui prescrivait les feuilles en cataplasmes pour soigner les plaies, les blessures, les œdèmes et les tumeurs (vertus cicatrisante, antiseptique et hémostatique) ou encore le fait qu’elle fut employée au XVIIIe s. en décoction contre les maladies de la rate et comme antiscorbutique. Elle détient par ailleurs aussi des propriétés fongicides.

« C’est avec la volonté de remettre à l’honneur cette plante avec son caractère valaisan typique et d’en exploiter ses richesses, que Mediplant vise à développer une production écologique d’indigo naturel de grande qualité, par le biais de méthodes technologiques innovantes et en garantissant la traçabilité de toute la chaîne d’approvisionnement », conclut Audrey Kuhn.